Historique
Ecrivain public, un vieux métier d'avenir
Tour à tour scribe, druide, rédacteur, écrivain, plumitif, écrivain pour le public, le personnage existait bel et bien avant même que l’appellation ne soit fixée.
Les plus anciennes traces remontent à - 3500 av JC, lors de l’apparition de l’écriture en Mésopotamie. Le scribe est celui qui connaît l’écriture cunéiforme à base d’idéogrammes et de pictogrammes sur les tables en argile.
En Égypte antique, l’écriture est hiératique et cursive, sur papyrus. Le scribe écrit pour le pharaon, répertorie, classe, recopie et travaille à l’administration des temples et des palais.
Dans la gaule celtique, ce sont les druides ou bardes qui occupent ces fonctions.
Avec la christianisation de la Gaule au IIIe siècle, les moines sont ceux qui détiennent le savoir. Rédacteurs et savants, ils sont enseignants et se placent comme intermédiaires entre l’administration et le peuple. Le plus grand nombre des administrés ne sait en effet ni lire ni écrire. Langue officielle jusqu’en 1539 et l’ordonnance de Villers-Cotterêts, le latin était difficile d’apprentissage. En l’absence de papiers et d’imprimerie, la population restait illettrée.
La création de l’école obligatoire n’a pas remédié au problème. Charlemagne donnant une large place au latin, la lecture et l’écriture se trouvaient donc réservées à une élite. Cette école pour tous ne donnait plus un enseignement particulier aux écrivains publics. Le « rédacteur », considéré dans l’Antiquité, honoré à l’époque gallo-romaine, perd de son prestige au moyen-âge.
Aux XIIe et XIIIe siècles, avec le développement des échanges commerciaux, les besoins en écriture augmentent. La bourgeoisie ne sait ni lire ni écrire mais, vive intellectuellement, sait qu’elle a besoin de certifier ses écrits. Des actes notariés commencent à être rédigés en français et le papier, découvert lors des croisades, offre un support peu couteux. « L’écrivain pour le public » prend alors de l’essor.
Au XIVe siècle, le métier se développe, des échoppes s’ouvrent.
Au XVe siècle et à la Renaissance, la profession perdure et apparaissent certaines spécialisations (juridiques).
Au XVIIe siècle, la société a évolué, la bourgeoisie commerçante s’est enrichie. Ainsi stimulées, les classes inférieures ont recours à l’écrivain public pour progresser. Les étudiants sont soucieux de la présentation de leurs textes, les officiers sont préoccupés par la rédaction de leurs rapports et les seigneurs veulent écrire leurs biographies familiales. La clientèle est variée et assez cultivée.
Mais au XVIIIe siècle, la vie devient chère, la clientèle se raréfie ou se tourne vers les avocats ou juristes. La profession connaît un coup d’arrêt à la Révolution.
Puis, aux XIXe et XXe siècles, un renouveau apparaît avec l’administration napoléonienne.
En 1882, l’école devient obligatoire, et malgré la disparition de l’illettrisme, la profession subsiste et s’oriente davantage vers la rédaction des courriers officiels.
Les écrivains publics ont donc connu des périodes fastes et des périodes creuses tout au long des siècles, pour renaître dans les années 1980.
Sources :
« Les écrivains publics » de Catherine Bastien – Bonneton 2000.
Site de l'AEPF